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Le projet porté par l’AGA repose sur trois axes complémentaires qui structurent son approche.

1. Le processus de création d’écriture avec des personnes
2. Le récit du réel et des transformations du monde,
3. Le travail in situ avec les lieux.

1. L'implication des habitants et des jeunes dans les processus d'écriture et de création

L’un des fondements de l’AGA réside dans sa volonté de faire de l’écriture un outil de création partagée, un espace d’expression accessible et transformateur. Dans cette perspective, l’écriture n’est pas seulement envisagée comme un geste artistique individuel, mais comme une pratique collective, un levier d’émancipation, de narration de soi et du monde. Comment impliquer les personnes dans l’écriture même du récit? Comment impliquer un groupe à devenir complice de la création, en y participant ? Comment bâtir des actions culturelles qui accompagnent les projets de façon innovantes ?

Les ateliers, laboratoires, résidences et autres formats développés par l’AGA visent à décloisonner les pratiques artistiques et à permettre l’émergence de voix singulières. Ils s’adressent à des populations variées, souvent éloignées des circuits de l’art contemporain, et s’adaptent à des contextes multiples (urbains, ruraux, périurbains). Le processus de création est pensé comme un cheminement, une exploration partagée plutôt qu’un aboutissement formel. Les participants sont considérés comme co-auteurs à part entière, et les œuvres produites – qu’il s’agisse de textes, de performances, de publications ou d’installations – témoignent de cette intelligence collective.

Dans ces espaces d’expérimentation, l’AGA travaille avec des auteur/ices dans le champ des écritures contemporaines et mobilise des outils issus du récit documentaire ou de l’écriture de terrain. L’accent est mis sur la transmission, la co- construction et l’accompagnement des gestes d’écriture. La parole des habitants, jeunes et moins jeunes y occupe une place centrale, dans sa diversité, sa richesse et sa complexité. Ce travail contribue à faire émerger des formes narratives alternatives, capables de raconter autrement les réalités sociales et territoriales contemporaines.

2. Le récit du réel et des transformations du monde

L’AGA s’inscrit dans une dynamique de récit du réel, c’est-à-dire d’une attention particulière portée aux mutations à l’œuvre dans nos sociétés : fractures territoriales, enjeux écologiques, mémoires invisibilisées, tensions identitaires, questions géopolitiques. À travers ses projets, l’AGA cherche à interroger les lignes de faille, les zones d’ombre et nos frontières intimes, en développant des récits situés qui donnent à voir et à entendre la complexité du monde.

Ce travail sur le réel ne s’inscrit pas dans une logique purement documentaire ou sociologique, mais dans une approche artistique qui revendique une subjectivité assumée, une poétique de la relation. Le réel est ici traversé, déplacé, réinventé à travers l’écriture, la fiction, la mise en récit. Il s’agit de produire des formes sensibles qui permettent de redonner une épaisseur au vécu, de raviver les imaginaires, de tisser de nouvelles solidarités symboliques.

Dans cette optique, l’AGA articule son travail autour de grands enjeux contemporains : Comment raconter les marges, les périphéries, les interstices du territoire ?
Quels récits émergent des lieux délaissés, en mutation ou en résistance ? Comment faire entendre les voix minorées ou silencieuses ?

Quelle place donner à l’expérience vécue dans l’élaboration de formes artistiques ?

Le récit du réel porté par l’AGA se veut donc à la fois politique et poétique, ancré dans les corps et les lieux, mais ouvert sur une réinvention des possibles.

PHOTO OLIVIER VILLANOVE

3. Le travail in situ avec les lieux

Le troisième axe structurant du projet de l’AGA concerne le travail in situ, entendu comme une immersion réelle, attentive et durable dans les lieux. L’AGA privilégie une approche de terrain, qui prend en compte les spécificités locales, les dynamiques sociales, les récits historiques et les paysages. Cette démarche de création contextuelle s’appuie sur une écoute fine des habitants et des personnes, sur une exploration sensible des lieux et sur une volonté de faire dialoguer les esthétiques artistiques avec les réalités vécues.

Chaque intervention de l’AGA sur un territoire fait l’objet d’un temps d’observation, de repérage, de rencontres, souvent en amont de la création proprement dite. Ce travail préparatoire permet de tisser des liens de confiance, d’identifier les enjeux locaux, et de penser des formes artistiques qui soient à la fois pertinentes, ancrées et partageables. Les territoires ne sont pas de simples décors, mais des partenaires de création, une matière vivante avec laquelle dialoguer.

Ce travail in situ donne lieu à des productions variées : écritures, performances, publications, cartes sensibles, installations sonores ou visuelles, balades narratives, propositions théâtrales... Ces formes sont pensées pour circuler, mais aussi pour laisser des traces sur place, afin de nourrir la mémoire collective et de prolonger les dynamiques enclenchées.

Enfin, l’AGA revendique une éthique de la porosité : entre artistes et habitants, entre disciplines, entre l’intime et le collectif. Le territoire est appréhendé comme un espace de frottement, d’invention, de réciprocité. Le travail in situ permet ainsi de produire une géographie affective du réel, fondée sur l’expérience, l’émotion et la transmission.