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SAVITRI LA VAILLANTE

Avec le dispositif Tandem et dans l’idée d’une possible future création de l’Agence de Géographie Affective, je souhaite partir de l’histoire de Savitri La Vaillante pour interroger notre rapport à l’amour.

Depuis mes débuts en tant que conteur dans les années 2000, j’aime raconter des histoires plus anciennes que nos propres civilisations. L’histoire de Savitri et Satyavan se trouve dans Vana Parva (« Le livre de la forêt ») du Mahâbhârata. Les figures des grands récits antiques sont pour moi toujours d’actualité. Ils nous éclairent sur qui l’on est, ce que l’on vit et nous aident à traverser les épreuves de la vie.

Voici l’histoire dans les grandes lignes :

Savitri, princesse en âge de se marier, cherche l’amour, mais ne le trouve pas.

Elle est sur le point de se marier, mais le doute l’envahit et renonce.

Elle part découvrir le monde à la recherche de l’être aimé.

Elle vit plein d’expériences, mais elle ne trouve pas.

Elle comprend que son bonheur ne tient pas à cette injonction de trouver un mari.  

Elle ne s’obstine pas.

Au retour de son voyage, elle rencontre dans la forêt un ami d’enfance. C’est Satyavan.

Ils tombent amoureux.

La grand-mère de Savitri lui prédit que c’est bien l’homme de sa vie.

Mais elle lui annonce que dans un an jour pour jour, son mari mourra.

Savitri choisit de l’épouser malgré tout et garde le secret en elle.

Un an plus tard, trois jours avant leur noce de coton, Savitri ne mange plus, ne boit plus, ne dort plus pour que son esprit soit pur, affûté et disponible à voir l’invisible.
Satyavan meurt et Savitri voit le spectre de la mort emporter l’âme de son mari.

Elle le suit avec ténacité jusqu’aux portes du royaume des morts.

Le spectre de la mort insiste pour que Savitri s’en aille, mais elle lui tient tête.

Elle veut récupérer l’âme de son mari.

Le spectre de la mort est touché par sa vaillance et lui accorde un vœu.

Tout, sauf l’âme de son mari.

Elle réclame un enfant de l’amour.

Le spectre de la mort accepte.

Savitri réclame l’âme de son mari.

Il n’y a que lui qui puisse lui donner un enfant de l’amour.

Le spectre de la mort est coincé, mais n’a qu’une parole et accepte.

Savitri ramène Satyavan à la vie.

Une première intention

J’ai très envie de raconter une histoire d’amour, car c’est un témoignage lumineux.

Avec cette histoire, j’ai envie de sonder notre capacité d’engagement, de loyauté et de courage.

Certes, cette histoire parle d’amour, mais aussi de vaillance.

Elle célèbre la force d’une femme qui ne dévie pas de sa ligne, qui écoute son cœur plutôt que le dictat des conventions, qui est prête à affronter la mort.  

Qu’est-ce que je serai bien capable de faire de plus grand que moi par amour ?

Comment est-ce que je suis capable de dépasser mes barrages à l’amour ?

Je raconte cette histoire en tant que conteur depuis 15 ans. Elle me fait vibrer.

La puissance symbolique nous emporte et nous donne la force d’avancer, de rester vaillant face à l’adversité.

À travers une histoire antique qui a traversé les siècles, je souhaite interroger les représentations et les usages de l’amour dans notre société contemporaine. Plus précisément, dans la rue, dans l’espace public. En regardant le monde comme il va, comment les ados et les jeunes vivent l’amour ? Comment se rencontrent-ils ? Est-ce que ça a vraiment changé les rapports amoureux ?

C’est en mettant en miroir et en vibration un conte vieux comme le monde et un travail de recherche documentaire, de rencontres que nous pourrons explorer les représentations de l’amour dans l’espace public et faire naître de là une écriture qui résonne.